La face cachée du fond de wagon - il était une fois..., les goûts et les couleurs, La Parqueterie Nouvelle

Il vient d'où au juste ?

Avant d'atterrir sous nos pieds, sur nos murs, nos tables... le plancher de wagon a déjà bourlingué. La plupart du temps en chêne, parfois en bois exotique, il soulève quelques interrogations notamment celle de sa provenance....

Rassurez-vous, pas d'origine douteuse !
Autrefois prélevés sur d'anciens wagons postaux, ces vieux planchers viennent aujourd'hui de trains de marchandises européens encore en circulation.

Ballotés pendant 20 à 30 ans dans des conditions mouvementées, il est temps pour eux d'entamer une deuxième carrière.

Aussitôt démontés, les planchers sont mis en vente par les entreprises ferroviaires.
C'est le moment d'être à l'affût, d'arpenter les salles de vente ou de bénéficier d'un contrat de collecte pour avoir la chance de s'en procurer !

Du vieux bois, oui, retapé c'est mieux !

Oui au plancher de récup', mais quand il arrive à l'atelier, on est encore loin de la belle planche patinée.
Une fois entre les mains d'artisans du bois, sa remise en beauté passe par plusieurs étapes, les trois premières étant le plus gros du travail :

On trie les planches, avec du bon et du moins bon et bien souvent beaucoup de déchets (trop de gerces, trop de clous...).
On les décrasse : avec une scie circulaire, on enlève sur les deux côtés la "croûte" du chêne, là où sont logées toutes les impuretés.
On les déboulonne et bouchonne : exit les boulons de fixation ! A la place, on panse avec des médaillons en bois carrés ou rectangulaires, appelés aussi emporte-pièces, ou des bouchons si la surface à reboucher est importante. Un dernier passage au détecteur de métaux et les planches sont prêtes pour la chaîne de production.

Les planches sont ensuite travaillées comme du chêne neuf (ou bois exotique), à la différence qu'ici on s'adapte aux bois. Suivant son état, on utilise l'une ou l'autre face, ou les deux.

On sèche le bois pour faire redescendre son taux d'hygrométrie (siccité)
On le transforme en suivant plusieurs techniques selon sa destination :
- Plateau : on redresse à la dégauchisseuse, on calibre, on rabote les côtés et parfois la surface pour un aspect lisse, puis on usine les fausse-languettes
- Parquet massif : même opération, en plus on dédouble la lame pour en obtenir deux d'environ 18mm - une recto, une verso - qu'on rainure-languette
- Parquet contrecollé : idem sauf qu'on découpe la planche en cinq lamelles de 5mm qu'on assemble les unes aux autres
- Habillage mural : la même chose, avec plus de lamelles, plus fines
On assemble les lames de manière homogène, chacune ayant un aspect différent suivant la face utilisée et la technique employée

Les deux faces du fond de wagon

Comme vu plus haut, on ne fait pas toujours ce qu'on veut avec du plancher wagon. On s'adapte à lui. Quelle face utiliser, la recto ou la verso ? Faut-il la laisser intacte, gercée, irrégulière ou la poncer ? Tout dépend de sa destination et du caractère qu'on veut lui donner.

Dans tous les cas, les faces A et B seront toujours assemblées dans un soucis d'harmonie et parce que la matière est rare.

Sans oublier les lamelles intérieures, semblables à du chêne neuf dont on retrouve la clarté et les nuances. On ne les utilise qu'en assemblage avec des lames A et B rabotées, pour la conception de parquet ou d'habillage mural.

Du plancher à la table

Une fois rafistolé et beau comme un apollon, le plancher de wagon est prêt pour une nouvelle existence, probablement plus longue que la précédente.

Déjà âgé et aguerri, le chêne a la densité parfaite pour nous survivre. Ce ne sont pas les années, ni les siècles, qui auront raison de lui ! Souvenez-vous de (feu, hélas) la charpente de Notre Dame de Paris…

Résistant à toute épreuve, on adore poser le vieux fond de wagon au sol. On peut aussi lui trouver un tas de destinations. Après tout il a déjà voyagé. Parquet, plan de travail, panneau d'agencement, bibliothèque, banc, tabouret... Il va là où on l'emmène et se plie à toutes les mesures.

Pour habiller une porte, une bibliothèque, une table... on peut se faire plaisir sans casser la tirelire. A la clé, vous aurez une porte, une étagère, une table... qui ne ressemblera à aucune autre.

Brut, de préférence

A La Parqueterie Nouvelle, on aime le naturel.
Le bois est vivant et se bonifie quand on le laisse s'affirmer. Comme un bon vin.

Nos vieilles planches de wagon Anvers et Baden, déjà ridées et gercées, ne craignent plus rien. Alors pourquoi les protéger ? Belles à l'état brut, ce n'est pas maintenant qu'elles vont réclamer un produit de beauté.

Seul notre parquet Ostende nécessite une finition sur chantier. Pourquoi ? Parce que ses lames rabotées sont comme celles d'un chêne neuf. Elles ont besoin de protection. De préférence une huile invisible ou un vernis aspect bois brut pour garder la teinte d'origine.

Idem pour les plateaux de table. Huilée ou vernis, une protection évitera aux tâches de s'incruster.

Pour l'entretien, rien de plus simple.
A l'eau et au savon sur une surface huilée ou vernis. Attention le bois et l'eau ne font pas bon ménage, allez-y mollo sur la fréquence et ne laissez pas d'eau stagnante.
Si le parquet est brut, un coup de serpillère avec un bouchon d'eau de javel dilué dans l'eau et c'est tout !

On le met où après ?

Restaurant, hôtel, vieux corps de ferme, villa contemporaine, appartement haussmanien, loft industriel... le fond de wagon ne manque pas de destinations.

Inimitable, il n'a pas son pareil pour donner du caractère aux intérieurs en quête de personnalité. Loin d'être un produit caméléon, il aime au contraire se faire remarquer. Son apparence singulière, un peu "cabossée" séduit autant les inconditionnels de vieux planchers que les amoureux de mobilier ancien ou "fait-main", ou tout simplement ceux désirant acquérir un produit unique.

On n'achète pas un fond de wagon sans avoir déjà une idée derrière la tête. Certains sont mêmes prêts à venir de loin pour s'en procurer, comme les propriétaires de cette villa de l'arrière pays niçois qui n'ont pas hésité à faire deux allers-retours jusqu'à notre showroom parisien.

Petits ou gros, il y en a heureusement pour tous les budgets. Au sol, au mur, à table, le plancher wagon se prête à tous les projets. Et gardez surtout bien en tête que le vôtre sera toujours différent des autres. Que ses "défauts", gerces, discolorations, irrégularités, tâches... ne sont en réalité que des qualités.

Avant de vous lancer....

Adopter un fond de wagon, c'est une démarche.
Accepter la surprise, l'inattendu. Car oui, le bois est un matériau changeant, multiple. D'autant plus s'il a déjà vécu.

Aucun fond de wagon ne ressemble à un autre.
Chacun est unique. Votre table, votre parquet... ne sera jamais 100% conforme à ce que vous aurez vu dans un catalogue ou en showroom. Et tant mieux ! Vous trouverez peut-être ses "imperfections" trop marquées ou au contraire plus séduisantes que prévues. Patience... après un petit temps d'adaptation, vous ne voudrez plus vous en séparer. Comme un vieux cuir ou un jean délavé et 1000 fois porté.

C'est toute la magie du fond de wagon. Accepter sa singularité et le laisser vivre. Son secret de beauté ? Plus il a de défauts, plus il est beau ! Tant pis s'il prend de nouveaux coups, s'il se fendille un peu plus. Le bois est bel et bien vivant, même une fois transformé.
C'est pour ça qu'on l'aime.

"La plupart du temps, ce sont les clients qui n'en sont pas à leurs premiers travaux qui craquent pour le fond de wagon. En gros il faut être libéré de pas mal de contingences pour oser l'adopter. Ne plus se poser de questions sur les échardes, l’entretien, les enfants à quatre pattes. Il faut avoir le goût du « pas pareil »."

Une chose est sûre, ce globe trotter fait parler de lui et si on en vendait autant qu’on en parle, il n’y aurait pas assez de wagons réformés pour tous nous contenter.

Ce qui risque un jour d'arriver. Progressivement remplacés par des sols métalliques, les planchers en bois se font de plus en plus discrets sur nos chemins de fer.
Heureusement pour nous ils sont très résistants !